Étant incroyant et ne pratiquant plus une culte, devrais-je rester indifférent devant la destruction progressives des lieux de culte et l’abandon du patrimoine religieux québécois aux mains des spéculateurs et revendeurs d’antiquités? Je suis bouleversé par autant d’indifférence de la population à l’égard des objets de culte et des lieux historiques qui ont meublé l’histoire du Québec depuis sa création. Après une intervention auprès du directeur général de la Maison-mère des Sœurs grises (que je remercie sincèrement), j’ai pu entrer sur le terrain et visiter ces coins-refuge qui ornent ça et là l’antique demeure. Ce privilège, j’entends le mener en ne présentant pas un cours d’histoire mais en mettant en relief ces coins qui m’ont ému, ces refuges que les quelques religieuses encore résidentes se gardent, loin du regard de la population. Prenez ce documentaire photographique pour ce qu’il est : un témoignage personnel pour une partie importante de l’histoire du Québec. Les bâtiments ont été vendus à l’Université Concordia qui s’est engagée à respecter le caractère patrimonial des lieux. Les quelque 100 religieuses ou moins quitteront la maison-mère dans quelques mois.
Rappel : « En 1861, la congrégation des Sœurs de la Charité de Montréal (les Sœurs Grises) achetait, de l’Ordre des Sulpiciens, le fameux Mont Sainte-Croix ou « Croix Rouge », le domaine situé dans le quadrilatère formé par les rues Guy, Sainte-Catherine, Saint-Mathieu et le boulevard Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque). Les sœurs ont déménagé de leur résidence du Vieux-Montréal trop souvent inondée. L’architecte de renom, Victor Bourgeau, qui a signé les plans de nombreux édifices religieux de Montréal, a conçu le fameux ensemble architectural en pierres calcaires grises. L’aile de l’Hôpital Général et celle de la communauté furent inaugurées en octobre 1871; la chapelle a été consacrée en 1879. La propriété comprenait des champs cultivés et des vergers. L’édifice du Faubourg occupe aujourd’hui une partie de ce terrain, dont un lot avait en 1925 été cédé à bail par les Sœurs Grises pour y bâtir ce qui constitue la plus ancienne section du Faubourg, aujourd’hui occupée par l’aire de restauration. La chapelle a été désignée bien culturel en 1974 et l’ensemble de l’œuvre a été classé monument historique en 1976. La première partie de l’édifice a été cédée à Concordia en mai 2007 et les rénovations ont immédiatement été entamées pour installer une résidence comptant 227 lits provisoires, que les étudiants ont pu occuper dès août 2007, juste à temps pour la rentrée. La résidence comprend des chambres simples ou doubles très faciles d’accès (chacune d’entre elles est équipée d’un petit réfrigérateur), plusieurs cuisinettes et salons, une salle de jeu, une aire commune (au rez-de-chaussée) et un beau jardin. Des discussions et des études de faisabilité sont en cours dans le but de déterminer la manière dont Concordia adaptera et utilisera le domaine des Sœurs Grises, tout en préservant l’intégrité architecturale de ce monument précieux de Montréal » (Source : Université Concordia).
Mon inquiétude est vive. Que se passera, dans quelques jours, lorsque des groupes d’étudiants ou de citoyens exigeront de l’Université Concordia que ces lieux, jadis de confessionnalité catholique, soient assujettis à une complète neutralité laïque? La chapelle historique sise au cœur de cet ensemble architectural et patrimonial sera-t-elle vouée à la démolition?