Sur la colonne, Horatio Nelson, vicomte Nelson (1758-1805), vice-amiral britannique, qui commandait la flotte britannique à la bataille de Trafalgar. Il est couramment appelé l’Amiral Nelson en français et Lord Nelson par les Britanniques. Sa statue, sur une colonne, domine le célèbre Trafalgar Square au centre de Londres et la place Jacques-Cartier de Montréal. La colonne Nelson, écrit Kirk Johnson, dans son bouquin Montréal vu de près, célèbre la victoire inespérée remportée par l’amiral sur la flotte française à la bataille de Trafalgar. Dévoilée en 1809, soit quatre ans après la mort du héros et de nombreuses années avant que l’Angleterre ne lui réserve le même honneur au Trafalgar Square, la colonne Nelson constitue le plus ancien monument commémoratif du Canada. L’amiral Nelson n’a jamais posé le pied au Canada.
Sur le socle, Jean Vauquelin (1728-1772), officier de marine français né à Dieppe, capitaine de navire, s’est illustré par des exploits à Louisbourg et sur le Saint-Laurent, près de Québec, au cours de la guerre de la Conquête. Il est célèbre, indique Kirk Johnson, pour avoir défendu et protéger la ville de Québec et Louisbourg, une autre forteresse française établie en Nouvelle-Écosse. Wikipedia rappelle que, Jean Vauquelin participe, en 1758, au sège de Québec, puis à la bataille de Sainte-Foy qui assure une victoire aux Français. Il est pris par les Anglais le 16 mai à Pointe-aux-Trembles (Neuville). Rapidement libéré, il put rentrer en France : grâce à ses états de service, Vauquelin obtint le grade de lieutenant de vaisseau en 1764.
Comme le montre bien la fiche sur le Vieux-Montréal, le choix de l’emplacement du monument, entre le Vieux Palais de justice et l’hôtel de ville, vis-à-vis la place Jacques-Cartier, est remarquablement stratégique. Vauquelin fait face à l’amiral Nelson, le vainqueur de la bataille navale de Trafalgar contre la flotte de Napoléon, qui domine la place Jacques-Cartier du haut de sa colonne. Le monument à Vauquelin a pour fonction première de commémorer la bataille glorieuse de l’un des derniers héros français de l’époque de la Nouvelle-France. Il est aussi l’expression d’une réaction de l’élite canadienne-française face à un symbole de la domination britannique. Deux hommes de courage, l’un français, l’autre britannique, se font désormais face. Ce monument tire donc une large partie de sa signification de celui auquel il fait contrepoids. Enfin, au moment de la construction du monument à Vauquelin, l’hôtel de ville vient à peine d’être remis à neuf et rehaussé, et la fonction judiciaire vient d’être consolidée dans ce secteur toujours prestigieux et animé, avec son marché, comme à l’époque de l’érection de la colonne.