Vous souvenez-vous de ce refrain que chantait Charles Trenet?
Nous irons à Toronto
En auto
Nous irons à Montréal à cheval
Nous traverserons Québec à pied sec
Nous irons à Ottawa en oua oua
Nous irons à Valleyfield sur un fil
Nous irons à Trois Rivières en litière
Passant par Chicoutimi
Endormis
Nous irons au lac Saint-Jean en nageant
Voilà ! Voilà !
Un beau voyage un beau voyage
Voilà ! Voilà !
Un beau voyage au Canada !
Mes amis, ce 1er juillet, fête du Canada, me proposent de découvrir notre pays, le Québec. Une randonnée en automobile, rassurez-vous, vers Trois-Rivières, le Cap de la Madeleine et Sorel-Tracy, pour revenir par la suite vers Montréal. La surprise de ce périple est que nous traverserons le Saint-Laurent en traversier, à Saint-Ignace-de-Loyola.
QuebecWeb nous trace un bref historique du Pont Laviolette qui caractérise si bien la ville de Trois-Rivières : « Le nom du pont a été choisi en l’honneur du fondateur de Trois-Rivières, le sieur de Laviolette, qui avait été envoyé par Samuel de Champlain pour construire une habitation et un fort à l’embouchure de la rivière Saint-Maurice. La première habitation est construite le 4 juillet 1634. Trois-Rivières sera le troisième nouveau fort (Québec, 1608, et Fort de Richelieu, dans l’île de Sainte-Croix) de la colonie et servira en même temps de poste de traite de fourrures avec les Hurons, les Algonquins et les Montagnais ».
À l’origine, le site de Trois-Rivières est fréquenté, comme l’indique l’Office de tourisme et des Congrès de Trois-Rivières, par des autochtones de la grande famille algonquine. En 1535, l’explorateur Jacques Cartier va décrire le site; en 1599, le capitaine Dupont-Gravé va le nommer : « Trois-Rivières ». Enfin, en 1603, le géographe Samuel de Champlain va noter qu’il serait avantageux d’y établir une habitation permanente, qui sera finalement érigée par un dénommé Laviolette, le 4 juillet 1634. D’abord comptoir de commerce, Trois-Rivières va ensuite développer cette triple vocation qu’elle va conserver au fil des siècles : « siège de gouvernement, ville d’éducation et cité industrielle ». Siège d’un gouvernement régional à partir de 1665, Trois-Rivières connaîtra le Régime français, la Conquête britannique et même une brève occupation américaine, qui se terminera par la défaite des « Bostonnais », aux portes de la ville, en 1776. Au plan de l’éducation, des missionnaires enseignants vont se présenter sur le site de Trois-Rivières dès 1617, c’est-à-dire avant même la fondation de la ville. Avec l’arrivée des religieuses Ursulines, en 1697, une première maison d’enseignement verra le jour et plusieurs autres suivront, jusqu’à l’ouverture de l’Université du Québec à Trois-Rivières, en 1969. Au plan économique, après l’ère des coureurs des bois et du commerce de la fourrure, Trois-Rivières deviendra ville industrielle quand vont entrer en production les Forges du Saint-Maurice, première industrie lourde au Canada, en 1738. Une centaine d’années plus tard, avec l’exploitation forestière de la vallée du Saint-Maurice, Trois-Rivières va recevoir des scieries d’abord, puis enfin des usines de papier.
Nous quittons Trois-Rivières pour nous rendre au Cap-de-la-Madeleine, situé à quelques kilomètres à peine du centre-ville trifluvien. Je crois que ma dernière visite remonte à plus de cinquante ans, lorsque j’étais encore adolescent. Le « Cap » est, comme l’indique l’Encyclopédie canadienne, à l’origine une seigneurie (1636), puis une mission Jésuite (1640). Dès 1900, on y compte 300 familles qui vivent de l’agriculture et de l’exploitation forestière. L’arrivée de l’électricité, d’un chemin de fer et l’aménagement d’un quai préparent la voie à un essor industriel, lequel débute en 1909 avec l’implantation de la Grès Falls Co., suivie, en 1912, par la Wayagamack Pulp and Paper Co. (intégrée depuis à la société Consolidated Corp.). Malgré l’arrivée de Lupel Amiante, une filiale du groupe Cascades, le secteur industriel régresse depuis les années 70 et le Cap devient de plus en plus une banlieue résidentielle de Trois-Rivières. Le sanctuaire de Notre-Dame du Cap, érigé en 1714, est un lieu de pèlerinage d’envergure internationale. En 1955, débute la construction de l’actuelle basilique. Inaugurée en 1964, elle est ornée de verrières remarquables, dues au talent du maitre-verrier hollandais Jan Tillemans o.m.i.
Dernier parcours de notre périple : Saint-Ignace-de-Loyola pour rejoindre la rive sud par traversier. La Municipalité régionale de comté d’Autray nous rappelle que : « En 1610, Champlain remporte contre les Indiens une de ses victoires. Il est même dit que c’est de lui que vient le nom de l’Île. Le peuplement commence vraiment en 1669. En 1727, il y a quelque 31 habitants le long du chenal des Épouffètes. En 1885, ce sont 30 familles qui constituent l’Île, mais à cause de sa position géographique élevée, les habitants de l’Île Dupas y élisent domicile se protégeant ainsi des inondations. Les Îles sont reliées par des ponts depuis la deuxième guerre mondiale. L’agriculture ne fait plus vivre de nos jours que 10 % de la population insulaire. L’Île de Saint-Ignace-de-Loyola respire la quiétude et la sérénité ».
Hélas! Ce qu’on voudrait immortaliser n’a qu’une durée éphémère. « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux », dirait le Petit Prince.