Neuf bannières rectangulaires, fixées à autant de mâts en aluminium brossé, flottent fièrement et singulièrement rue Sherbrooke, à Montréal, pas très loin de la sculpture du Général de Gaule. Commandée par le Centre international d’art contemporain de Montréal (CIAC), l’œuvre, de l’artiste Daniel Buren, présente des bandes verticales de couleur verte, rouge, jaune, bleue ou noire. Les neuf bannières ont été présentées, par le CIAC à Québec, en 1984, pour les fêtes marquant le 45Oe anniversaire de l’arrivée de Jacques Cartier. Puis l’œuvre fut installée à Montréal, le 23 septembre 1996 et elle a nécessité des travaux d’infrastructure importants (excavation, fondation, ancrage). On dit de cette œuvre qu’elle est typique du travail de Daniel Buren qui utilise invariablement des bandes alternées, blanches et de couleur, de 8,7 centimètres de largeur sur différents supports.
(Cliquez pour agrandir)
Clément de Gaulejac s’est inspiré de l’oeuvre de Daniel Buren pour créer une mélodie aux accents folkloriques : Les drapeaux de Buren. Voici ce qu’en dit le compositeur : « Les drapeaux de Buren confrontent deux objets culturels issus de cadres de référence, sinon antagonistes, du moins très hétérogènes ; La laine des moutons fait partie du répertoire populaire des chansons pour enfants, tandis que Neuf couleurs au vent est une œuvre d’art contemporain qui relève d’une esthétique conceptuelle. De même que Daniel Buren a souvent revendiqué l’anonymat programmatique de son « outil visuel » (les bandes verticales alternées blanches et colorées de 8,7 cm de largeur), les paroles de La laine des moutons évoquent un « nous » générique dont on ne sait rien, sinon qu’il est travailleur et rural. J’ai repris ce « nous » à mon compte, en le déplaçant légèrement : il affirme désormais hisser les drapeaux de Buren, les tisser, les livrer, les plier, etc. On pourrait croire que ce chant est celui du personnel chargé d’entretenir l’œuvre d’art publique de Daniel Buren. Or, celle-ci est visuellement absente du film ; elle est seulement évoquée par l’incantation du chœur. Cette décontextualision volontaire, ainsi que ma discrète présence dans le cadre du film, indiquent une autre direction. La voix du chœur des chanteurs, coupée de toute référence extérieure, devient une voix intérieure, celle du « jeune artiste » qui formalise l’intériorisation d’une nouvelle règle du jeu ». Voici quelques strophes de « Les drapeaux de Buren »
Les drapeaux de Buren
C’est nous qui les tissaine
Les drapeaux de Buren
C’est nous qui les tissons
Tissons, tissons
Les drapeaux de Buren
Tissons, tissons
Les drapeaux de Buron