Je suis un peu triste. Je viens de vivre deux jours intensifs au tribunal de la famille. La raison : une cause de divorce. J’ai le profond sentiment que la justice se comporte comme un comptable. Combien d’enfants ? Deux. Quels sont vos revenus ? 25 000 $ ou euros par année. Selon la grille du gouvernement, la pension s’élèvera à 5 000 $ ou euros par année. Décision rendue.
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Évidemment, les événements ne se sont pas déroulés de manière aussi dramatique. Ce qui ressort à cette expérience de deux jours est une profonde lassitude. Un père qui veut reprendre, après une séparation, un droit de regard sur l’évolution et l’éducation de ses enfants. Une belle jeune fille de six ans et un garçon merveilleux de huit ans. Un enfant spécial. Un enfant qui vit dans une bulle. Un petit autiste. Le père est à l’image d’un long fleuve tranquille. La mère est à l’image d’une turbulence quotidienne qui passe dans la vie des enfants. Deux conceptions diamétralement opposées de l’éducation. Derrière ce duel guerrier, un enjeu : la pension. Le père doit payer et ne s’inquiéter de rien. La mère doit recevoir et s’inquiéter de tout. Peu de partage. Un matriarcat prononcé du XXIe siècle. Vision des temps modernes. Au centre, un juge. Monsieur se plaint de madame. Madame se plaint de monsieur. Salomon juge. Refus de la garde partagée, tous les frais au père, avertissement à la mère de regarder passer le long fleuve tranquille. L’avenir des enfants vient de se sceller. Le père quitte. La mère quitte. Le dialogue est rompu. La réconciliation est davantage compromise. Car il n’y a pas eu, dans la sagesse de la justice, un partage équitable. Salomon a remis l’enfant à la mère. L’enfant n’a pas eu à choisir. Ainsi va la vie. Les témoins n’ont qu’à sécher leurs larmes, à remiser leur porte-monnaie après avoir acquitté les frais judiciaires, à souhaiter de tout leur cœur de voir les enfants qu’ils chérissent réussir avant leur grand départ. Il reste si peu de temps.
Que voulait dire Shashi Deshpande lorsqu’il écrivait : « Que représente la paternité face à ce poids, cette certitude, qu’est la maternité ? »