Inauguré en 1904, le complexe appelé Les ateliers Angus a embauché jusqu’à 12 000 employés et fabriquait tout ce qui a rapport au transport ferroviaire, du simple boulon jusqu’aux locomotives. Cette importante concentration de personnes a donné vie au quartier Rosemont. Baptisés en l’honneur d’un des fondateurs de la compagnie, Richard Bladworth Angus, ils formaient autrefois le principal complexe industriel d’entretien de trains et de locomotives du Canadien Pacifique. En raison du déclin significatif, partir de la fin de la deuxième Guerre Mondiale, production des usines Angus connaîtra un ralentissement marqué au cours des années 1960 et 1970. En 1970, la compagnie fermera une partie de ses ateliers. La fermeture définitive surviendra en janvier 1992. Comme l’indique la Société canadienne d’hypothèque et de logement, au début des années 1980, le quartier environnant était pauvre et surtout de classe ouvrière. Trente-sept pour cent de la population gagnait moins de 15 000 $ et 54 %, moins de 20 000 $.
En 1977, poursuit la SCHL, le Canadien Pacifique a décidé de confier à sa filiale, la Société Immobilière Marathon, la tâche de réaliser un projet commercial et résidentiel sur une zone de 100 acres de son terrain industriel dont il n’avait plus besoin pour ses activités ferroviaires. Ce projet de réaménagement des Ateliers Angus a amené la population à examiner de très près l’utilisation envisagée des terres et, en particulier, à se demander si le terrain serait destiné à un usage résidentiel ou commercial. La proposition de développement commercial de Marathon a été âprement contestée par les commerçants des rues voisines qui, craignant la concurrence écrasante d’un grand centre commercial, ont formé leur propre association. Ils ont réussi à convaincre l’administration municipale de faire du terrain une zone strictement résidentielle. À la suite de cette décision, Marathon a perdu intérêt dans le développement direct du terrain.
En 1983, comme l’indique à nouveau la SCHL, la ville de Montréal et le gouvernement du Québec ont signé une entente visant la création d’un organisme sans but lucratif, la Société des Terrains Angus (STA), chargée d’acquérir le terrain et de le vendre à des promoteurs d’ensembles d’habitation à but lucratif et sans but lucratif. Après d’âmes luttes du Comité de logement Rosemont, il ressort que, de 1984 à 1994, plus de 2 500 logements ont été construits, dont 60 % ont été vendus dans le marché privé et 40 % ont été réservés aux coopératives d’habitation, aux organismes de logement sans but lucratif et du secteur public. Le projet de réaménagement Angus a fourni des logements à 2 000 ménages, dont environ 40 % ont un revenu faible ou modeste, dans un secteur central et bien desservi de Montréal, sur un ancien terrain industriel. Le projet Angus a permis le réaménagement d’un ensemble de cours de chemin de fer contaminées.