Dimanche matin. Il est 4h00. Ma nuit de sommeil est terminée. Morphée m’a quitté une nouvelle fois très tôt. Elle m’abandonne progressivement. Je décide de mettre à profit ces heures d’insomnie en devançant ma promenade du dimanche matin. Hop! Douche et débarbouillette, savonnette et chansonnettes, je me sens d’attaque pour un nouveau safari photographique au cœur de ma ville. Je quitte la maison. Il est cinq heures. Je jette un œil au clocher de mon église paroissiale. Pas mal, je le trouve sexy 😉 Un petit cliché pour une journée dominicale.
Six heures, environ. J’arrive au Vieux-Port de Montréal. Par le côté est. Tout est calme. Rappelez-vous ces mots de Brel :
La ville s’endormait et j’en oublie le nom
Sur le fleuve en amont, un coin de ciel brulait
La ville s’endormait et j’en oublie le nom.
Au Quai de l’horloge, un premier port d’escale. Un magnifique voilier va combler mes clics et mes reclics. Luxe, calme et volupté. Les heures pansent les outrages de la vie.
J’ai le sentiment d’un moment privilégié. J’ai souvenir que dans mon enfance, l’accès au Vieux-Port était réservé à une élite dont j’étais exclu. La richesse était le sauf-conduit qui menait aux beaux quartiers de Montréal. A fortiori au Vieux-Port. Je goûte pleinement ces minutes matinales à regarder ce voilier, à rêver de la vie à son bord, à m’interroger sur le destin qui ne m’a pas fait marin d’eau douce … « Vivre à même l’éternité, c’est vivre au jour le jour », disait Emil Cioran.
Comme l’indique une publicité : « Le Vieux-Port de Montréal est maintenant un grand parc entre ville et eau, propice à une multitude d’activités artistiques, patrimoniales, récréatives, nautiques et sportives. Bien que l’histoire du port remonte aux origines de la ville, les traces physiques clairement perceptibles font écho au 19e siècle et, surtout, à la métropole du début du 20e siècle. Aujourd’hui, on peut y patiner (été comme hiver), pédaler, musarder, faire une croisière, voir couler des eaux agitées, voir couler… le temps de vivre. Des activités spéciales y ont lieu tout au long de l’année. Plusieurs millions de visiteurs en profitent chaque année ».
Qui disait qu’un bonheur ne vient jamais seul ? La Marina accueille son premier voilier. Un autre voilier qui a accosté dans le Vieux-Port. Le bonheur. La douceur. Comme un cygne à la surface de l’eau. Clics et reclics.
Il est maintenant 07 heures. La faim me tenaille. Un dernier clic et vivement un bon petit resto pour combler mon bonheur matutinal 😉
Notre-Dame de Bon-Secours, tournée vers la mer, protège les marins.
Et je vous quitte, pour aujourd’hui, sur ces mots de Roland Dorgelès : « Le voyage pour moi, ce n’est pas arriver, c’est partir. C’est l’imprévu de la prochaine escale, c’est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c’est demain, éternellement demain ».
Sifflons l’air du temps :
Hé Ho pêcheur, où vas-tu fuir
Hé Ho pêcheur, où vas-tu fuir
Hé Ho pêcheur, où vas-tu fuir
Sous ce jour fatal
le voyage c’est les autres, aussi.
j’ai beaucoup aimé: le voyage ce n’est pas arriver, c’est partir.
Popelina
Je crois bien que vous avez raison 😉 J’ai connu l’ivresse de partir et la joie de revenir. Je voyage maintenant dans une ville que je n’ai pas connue. Je la découvre. Heureux de savoir que vous partagez un peu de ces récits de voyages. Merci.
Pierre R.
Jean Lemire et son équipage sont revenus ? Encore une fois les médias ont raté le bateau !
(J’aime la composition de la 2ᵉ photo, Le silence ne se laisse pas distraire.)
ça fait vraiment envie votre ville Pierre, vraiment envie 🙂
Gilles
Jean Lemire s’est montré discret, très discret, cette fois. Il n’a pas voulu leur monter un bateau 😉
Hervé
Montréal a ses coins ensoleillés et ses zones d’ombre. Je préfère le soleil, c’est si beau 😉
Pierre R.
Il en est qui se pâment devant les couchers de soleil. Quand j’arrive à me lever le matin, très tôt, comme un Pierre 🙂
je regarde la vie dehors…
Entre le sommeil et le réveil on est comme un nouveau-né. Et les lumières, et les rosées, (ici du moins), c’est re-naître.
Le silence. Le total.
Même celui des esprits endormis qui se taisent enfin.
J’ai passé des étés en Abitibi- travail d’étudiant- `à «titre» d’aide-cuisinier.
On se levait à 4h30.
J’allais faire un tour dehors. Forêt, rivière, et soleil… Et les oiseaux…
Pas d’électricité… Lampe au gaz. Et radio transistor…
On ignore ce qui se passe à l’autre bout du monde.
C’est aussi une forme de silence reposante.
Un Ritalin naturel…